lundi 11 août 2014


Le défilé civil aux calendes grecques ?
Baromètre de la vitalité économique et culturelle
Commémoré chaque année, la fête du 1er Août, date d’accession du Bénin à la souveraineté internationale est une fois encore célébrée dans la sobriété. Crises économique et financière obligent. Est-ce une raison pour ranger aux calendes grecques, le défilé civil qui révèle la potentialité économique, financière et culturelle ainsi que l’ingéniosité des Béninois?

A l’impeccable défilé militaire du 1er Août dernier, manquait celui civil qui révèle l’ingéniosité et la culture des Béninois. La chose s’observe depuis quelques années maintenant. La crise économique et financière est passée par là. Ainsi, il y a quelques années, les Béninois en tout cas le bas peuple n’est plus invité à prendre part au défilé commémorant l’accession de la République à la souveraineté internationale. Combien cela pourrait coûter à l’Etat ? On se souvient que pendant le régime militaro-marxiste du Général Mathieu Kérékou, il est demandé aux sociétés ainsi qu’aux entreprises de l’Etat de prendre les dispositions pour une participation active de ces entités publiques aux festivités du 30 Novembre. Appelé les trois glorieuses, c’est-à-dire, le 30 Novembre 1972, 30 Novembre 1974 et 30 Novembre 1975. La première rappelle la proclamation du Discours programme du Gouvernement militaire révolutionnaire (GMR) d’alors. La seconde, la date à laquelle la République du Dahomey est devenue République Populaire du Bénin (RPB) avant de devenir la République du Bénin (RB) lors de la Conférence des Forces Vives de la Nation de Février 1990. La troisième, la proclamation de l’idéologie marxiste léniniste qui constitue la boussole de la gouvernance politique. Cette manifestation a révélé des talents que ce soit dans le domaine artistique, économique et culturel de notre pays. A en croire, Jean Dossou-Yovo, alias Jeannot, réparateur des postes radios et téléviseurs à Sikècodji, c’est grâce au défilé qu’un jeune amateur de l’électronique à Sèmè s’est fait dévoiler au Chef de l’Etat. "Il a monté, grâce à la récupération des objets électroniques, une station radio amateur qui émet à partir d’un cabane de chez lui" a-t-il confié avant d’ajouter "Il a fabriqué une cabine téléphonique à partir de laquelle avec 25 FCFA les auditeurs peuvent aller chez lui pour faire des dédicaces". Quelques jours plus tard, ce passionné de la radio et de l’électronique a été reçu en audience par le Général Mathieu Kérékou afin de faire des démonstrations par rapport à sa dextérité. "A partir d’un poste transistor, il a montré au président de la République qu’il est capable de monter un appareil récepteur/émetteur" a expliqué M. Dossou-Yovo avant d’indiquer que nombre d’artistes toutes catégories confondues ont été découverts grâce aux défilés. 
                                                  
                                   Les avis des citoyens
Pour Alphonse Ahéhéhinnou, administrateur civil à la retraite, le président Boni Yayi ne peut jamais ranger aux calendes grecques le défilé civil puisque c’est une tradition. "C’est à cause de la situation économique et financière morose du pays que le Chef de l’Etat a dû mettre un terme au défilé civil" a fait comprendre le septuagénaire. Il soutient par ailleurs qu’il y a une pagaille qui s’observe au passage des civils lors des défilés du 1er Août. "Voyez comment les motos des conducteurs de Zémidjan émettent de la fumée pour polluer l’environnement. Cela n’honore pas notre pays. Surtout, lorsque les délégations étrangères commémorent l’anniversaire avec nous. Nous prenons la France tout le temps comme point de mire. Avez-vous vu une fois des contingents civils défiler, lors de la fête du 14 Juillet dans l’Hexagone ?" s’est-il interrogé. Avis contraire pour l’animateur radio sur Océan FM. Selon M. Adohouannon alias "Balle aux pieds" de la radio des défis, il est inconcevable que le défilé civil soit délaissé depuis l’avènement du régime du président Boni Yayi. "Ce qui s’est passé à Parakou que j’ai regardé sur la télévision nationale est plus édifient que ce qui s’est déroulé à Cotonou. Je veux parler du défilé civil qui a eu lieu à Parakou à l’occasion de la fête du 1er Aout 2014. La seule fausse note est le camion militaire de surcroît dont le moteur n’a de cesse fumer tout le temps" a-t-il fait remarquer. Il a conseillé que les fois prochaines, de pareils engins soient mis de côté pour la beauté de la fête. Il a mis l’accent sur les tableaux qu’a présenté le Ballet National à travers les festivals dans le monde pour dire : "la troupe théâtrale nationale a honoré le Bénin à travers le monde. Pourquoi ne veut on pas que les Béninois savourent les merveilleux pas de danse des acteurs" a-t-il demandé. Le masque Guèlèdè du Bénin est déclaré patrimoine mondiale par l’Organisation des Nations Unies pour la Culture, la Science et l’Education (Unesco), a-t-il laissé entendre. Pourquoi ne veut on pas que ceux qui ne l’ont jamais vu de près puissent le voir défiler une fois dans leur vie ? a-t-il questionné. Au total, le défilé civil intéresse au plus haut les citoyens. Le pouvoir n’a pas conscience de l’importance qu’attachent les citoyens au défilé civil. Vivement donc que le défilé civil prenne place au côté de celui militaire. Reste à la hiérarchie militaire, d’organiser des répétitions, à l’instar des soldats à l’endroit des citoyens ciblés. Cela pourrait arranger un tant soi peu l’indiscipline criard observé jusque là.   

 Ernest Kinhou

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire